Connaissez-vous le camérisier ou son fruit, la camerise ?

Tous deux - la plante et son fruit - font une apparition modeste sur le marché depuis quelques années, mais gagnent en popularité, notamment auprès des jardiniers, car la plante est très facile à cultiver dans notre région.

Le mot camérisier résulte de la contraction des mots chamae (au ras du sol) et merisier (rappelant que ses fruits sont portés près du sol comparativement à ceux du merisier (Prunus avium, un grand arbre). 

Il s’agit d’un chèvrefeuille arbustif (Lonicera caerulea, anciennement L. edulis) originaire de la Russie, du Japon et de la Chine, aussi appelé chèvrefeuille bleu à cause de la couleur de ses fruits. L’arbuste de 1,5 à 2 m de hauteur et de 1 m de diamètre fleurit tôt au printemps, produisant des paires de fleurs ivoire suivies de fruits curieusement allongés ( juin).

Comme les bleuets, ils sont en fait de couleur pourpre foncé, mais la pruine blanche qui les recouvre leur donne un effet bleuté. Les fruits au goût à la fois sucré et suret rappellent un mélange de bleuets, de framboises, de mûres et sont riches en vitamine C et en antioxydants. Ces fruits allongés bleus ne ressemblent nullement aux fruits des chèvrefeuilles plus connus, comme le chèvrefeuille de Tatarie (L. tatarica), dont les fruits ronds sont rouges ou orange. 

Le camérisier fut importé d’abord du Japon, puis de la Russie il y a plus de 60 ans, mais n’avait jamais pris son élan comme fruitier, car on jugeait son goût trop amer; mais les Russes travaillent sur cette plante depuis plus de 50 ans pour développer des lignées au goût plus sucré et sans l’amertume des formes sauvages. Et c’est l’Université de la Saskatchewan qui a pris la relève en Amérique du Nord. Les plants présentement offerts au Québec proviennent des deux sources.

Les camerises mûrissent très tôt, dès la mi-juin, bien avant tout autre fruit local, et le plant fleurit très tôt aussi, en mai, assez précocement pour faire craindre des dommages causés par le gel, mais comme il provient d’un climat boréal, il sait composer avec le froid. Ainsi, les fleurs résistent bien aux gels jusqu’à - 7 °C, alors que la plante elle-même peut survivre à environ - 47 °C pendant l’hiver; ainsi elle est considérée de la zone 2, voire de la zone 1, soit la zone la plus froide.

Récoltez les fruits quand leur extérieur est bien bleu et que leur intérieur est entièrement rouge-pourpre, sans trace de vert. On peut les congeler ou en faire des tartes, des gelées, des vins, etc. La plante commence à produire dès la deuxième année et peut continuer à produire pendant 30 ans et plus.

Une culture facile

 

Il n’y a rien de très compliqué dans la culture des camérisiers. Il faut un emplacement au soleil (ou, à la rigueur, à la mi-ombre) dans un sol bien drainé et relativement riche. Ils tolèrent bien les sols au pH très variable, de moyennement acide à moyennement alcalin (pH de 5 à 7). Ils poussent bien dans les sols riches en humus et les sols glaiseux (tant qu’il y a un certain drainage), mais sont moins adaptés aux sols sablonneux. 

Une application annuelle de compost suffit comme fertilisation. Espacez les plants de 1 m pour utilisation en haie, mais de 1,3 m pour pouvoir distinguer entre les arbustes individuels.

Arrosez bien les trois premières années, le temps que le système racinaire s’installe correctement. Après, les camérisiers se montrent relativement résistants à la sécheresse, malgré que la production de fruits sera plus abondante dans un site où les plants sont arrosés en période de sécheresse. Une taille aux 3 ou 4 ans pour éliminer les vieilles branches moins productrices peut être utile.

Les camérisiers sont autostériles : il faut le pollen d’un autre cultivar pour assurer leur fécondation, sinon il n’y aura pas de fruits. Il est recommandé de planter au moins deux variétés à proximité - et de préférence trois - pour assurer une pollinisation adéquate. 

Les camérisiers sont résistants aux insectes nuisibles, mais peuvent occasionnellement être affectés par le blanc à la fin de la saison. Cette maladie est tout au plus un problème esthétique et ne nuit pas à la santé du plant ou à sa production. Les cultivars modernes sont plus résistants au blanc que les variétés sauvages.

Les oiseaux frugivores sont le problème principal pour le jardinier : ils peuvent vider un arbuste de ses fruits en moins de 24 heures. Il peut donc être nécessaire d’installer par-dessus l’arbuste un cadre de bois ou de PVC et de le recouvrir d’un filet pour empêcher leur venue.

Cultivars recommandés

 

Votre choix de variétés sera sans doute plus limité par ce qui est offert localement, mais la plupart des autorités reconnaissent que les cultivars comme Aurora, Borealis et Tundra, sont les plus productifs et les plus goûteux. 

On peut trouver certains camérisiers dans les jardineries locales, sinon essayez des pépinières qui livrent par la poste comme la Pépinière ancestrale (www.pepiniereancestrale.com) ou la Grange verte (www.pepinieregrangeverte.ca).

Bonne récolte !

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