La détresse psychologique était déjà bien présente dans notre société et la crise actuelle ne fait qu’amplifier le problème. En effet, certaines  personnes sont plus susceptibles de ressentir les effets du confinement avec beaucoup d’anxiété comme par exemple les personnes âgées, les personnes vivant seules, les adolescents, etc. De là l’importance d’être attentif aux gens qui nous entourent, d’être vigilant, d’être solidaire.
 
On peut penser qu’il n’y a que l’aide professionnelle provenant de personnes formées et qualifiées qui peut apporter une aide efficace. Heureusement ce n’est pas le cas. Premièrement tout le monde n’a pas accès à ce type d’aide. Ensuite, l’aide professionnelle ne peut être une formule permanente et elle ne compensera jamais le soutien des personnes proches, l’amitié, l’amour. Nous pouvons vraiment être aidant, et ce, sans jouer au psychologue. Les petits gestes quotidiens, les marques d’attention comptent énormément pour maintenir une bonne santé psychologique.  

Comment savoir si une personne a besoin d’aide ?

Certaines personnes souffrent sans être capables de l’exprimer. On peut toutefois reconnaître certains signes de stress ou d’anxiété en étant attentif. Le premier signe c’est lorsqu’une personne a changé, qu’elle n’est plus la même, et ce, depuis quelques semaines.

Le mal-être peut se manifester sous différentes formes que ce soit physique (fatigue, nervosité, insomnie, etc.), cognitif (discours incohérent, problèmes de concentration, de mémoire, etc.), émotif (agressivité, colère, diminution de l’estime de soi, etc.) de comportement (isolement, disputes, sautes d’humeur, etc.).

Comment pouvons-nous être aidant au quotidien ?

Tout simplement en étant présent et en adaptant notre présence aux besoins, à la personnalité de la personne dans le besoin. La présence peut se manifester de différentes façons. Elle peut se traduire par un coup de téléphone, un bonjour, un mot gentil, un sourire, une visite de courtoisie en respectant les mesures de sécurité, un petit courriel, une écoute attentive, etc.

Je vous raconte une expérience personnelle pour illustrer la nécessité d’adapter notre présence. J’ai une amie qui a souffert de dépression due à la COVID-19.  Elle ne voulait pas qu’on l’appelle et encore moins qu’on aille la voir. Elle ne s’en sentait pas capable. J’ai décidé de lui envoyer des cartes virtuelles de façon régulière. Elle a beaucoup apprécié car elle pouvait les voir, les lire au moment qui lui convenait. Parfois elle me répondait, parfois non. Maintenant elle va mieux et elle m’a dit qu’elle avait apprécié que je la respecte et que mon geste avait contribué à sa guérison. Elle s’est sentie importante.   
 
Tout le monde a besoin d’être reconnu, d’être aimé. Ça fait partie des besoins fondamentaux de tout être humain. En demeurant présent auprès d’une personne en détresse nous lui signifions que  nous la reconnaissons, qu’elle est importante pour nous. Il faut se rappeler qu’un petit geste d’attention peut changer la vie de quelqu’un.

L’attitude à adapter

Pour être aidant il faut absolument établir un climat de confiance d’où l’importance de respecter le rythme de l’autre et surtout de ne pas le, la juger. Certaines personnes ont besoin de parler tandis que d’autres ont besoin qu’on respecte leur silence. C’est important aussi de choisir le bon moment, le bon endroit et la bonne formule pour établir la relation.

Pour favoriser le dialogue, il est primordial de développer son écoute. Ça demande de la présence. Écouter demande d’être attentif à 100 % à l’autre personne, d’être empathique, d’éviter le jugement et la comparaison, de donner des conseils, etc. Il n’est pas possible dans cet article d’élaborer sur les techniques de communication mais il faut se souvenir que c’est l’écoute et non la place que l’on prend dans la relation qui facilite les confidences, qui aide à l’expression de ce qui n’est pas facile à dire.

En acceptant que chaque personne ait sa façon de réagir, son propre ressenti, en étant sensible à son vécu, nous pouvons contribuer à briser le cercle de la détresse psychologique, de l’isolement, de la solitude. Nous pouvons contribuer à aider une personne à faire un  pas vers la guérison en la rassurant, en lui donnant notre support, en lui démontrant notre intérêt et notre empathie.  

Encore une fois, il n’est pas question de jouer au psychologue, mais plutôt d’assurer une présence réconfortante et de guider la personne vers des professionnels avertis s’il y a lieu.  Si vous ne savez pas vers quel organisme d’aide diriger la personne, vous pouvez composer le 211. C’est un service d’information gratuit qui guide vers des organismes en fonction de la problématique. Ce service est disponible tous les jours de 8 h à 18 h.

En terminant voici une petite histoire. Deux personnes agées se retrouvent tous les jours et se bercent côte à côte. C’est à peine s’ils échangent quelques mots. Certains observateurs disent : à quoi ça leur sert de se voir, ils ne se parlent pas. Ce que ces mêmes observateurs ne savent pas, c’est que dans leur silence, ils se racontent leurs joies, leurs peines, leurs désirs, leurs déceptions, etc. Pendant toutes ces années où ils se sont bercés ensemble, leur présence mutuelle réconfortante n’a jamais failli et dans leur cœur, ils ont entendu les mots qui n’ont pas été prononcés.