Zelensky et l’Ukraine

Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky, né le 25 janvier 1978, est un humoriste, producteur, acteur, danseur (en 2006, comédien, gagnant de la version ukrainienne de la compétition « Danse avec les stars »), scénariste, réalisateur, diplômé en droit et homme d’état ukrainien. Il est président de l’Ukraine depuis le 20 mai 2019. Son parti porte le nom de Serviteur du peuple.

Serviteur du peuple, c’est  aussi le nom de la série dans laquelle l’actuel président ukrainien, Volodymyr Zelensky, incarnait, du temps où il était encore comédien, un professeur d’histoire propulsé… président de l’Ukraine. Dans cette série, Vasyl Holoborodko, le professeur, prononce, un beau matin, une critique amère et violente contre la corruption dans le pays; ses élèves en diffusent la vidéo sur YouTube et, une chose en amenant une autre, voici Holoborodko élu président, avec la tâche immense de nettoyer l’Ukraine armé de sa seule bonne volonté. Qui aurait pensé que la comédie dans laquelle il jouait deviendrait réalité ? S’inspirant de cette série, il renomme Serviteur du peuple le Parti du changement décisif, fondé en 2016. Le parti est enregistré en 2018. Le parti populiste se positionne comme défenseur de la lutte anticorruption et de la démocratie directe. En décembre 2018, il annonce qu’il sera candidat à la présidence de l’Ukraine.

En octobre 2019, l’acteur devenu président tient une conférence de presse de plus de 12 heures, battant le record de la conférence de presse la plus longue de l’histoire.

Ses promesses de régler le conflit dans l’Est du pays avec les régions séparatistes pro-russes ou de lutter contre la corruption semblaient sonner creux et sa gestion de la pandémie de Covid-19 était très critiquée. Mais l’affrontement avec Moscou, qui place l’Ukraine au centre de la plus grave crise russo-occidentale depuis la fin de la Guerre froide, l’a définitivement fait changer de statut. Sur les commentaires, on pensait qu’il n’avait pas de couilles et maintenant on dit qu’il a des couilles de plomb.

Utilisation des réseaux sociaux

Par son omniprésence sur les réseaux sociaux, il crée aussi un décalage par rapport aux stratégies du président Vladimir Poutine, dont les apparitions sont assez rares, les formats de communication très longs, dépassant une quarantaine de minutes, évoquant  la vieille école soviétique fait remarquer Valentyna Dymytrova.

Le contraste est frappant : Zelensky est toujours debout, rarement assis, il est toujours dynamique et non pas statique, à la différence de M. Poutine, souvent assis à sa table, même le décor est différent, poursuit-elle. Le président ukrainien, très présent sur les réseaux sociaux, touche l’opinion en présentant un visage très humain, au contraire d’un Poutine distant et froid.

Le ministère ukrainien de la Défense a publié sur sa page Facebook ce message : « Nous demandons aux citoyens de nous informer des mouvements ennemis, de préparer des cocktails Molotov, de neutraliser l’occupant ! ». À Lviv, une brasserie s’est même arrêtée de faire de la bière pour produire ce fameux cocktail. Ces cocktails signifient que Vladimir Poutine, qui a assuré qu’il n’aurait que des cibles militaires, va devoir "passer" sur les civils pour prendre le pays.

Kiev devient Kyiv

L’appellation Kiev est tirée du russe et l’Ukraine a déclaré son indépendance. en 1991. « Kiev » rattache l’Ukraine à son passé soviétique : on la désignait ainsi quand elle était sous le joug de l’URSS et que la langue ukrainienne était réprimée. On  doit maintenant utiliser le terme Kyiv.

L’histoire de David contre Goliath se répète !

Le président ukrainien était un quasi inconnu au niveau international avant la crise, et le voilà qui s’entretient chaque jour avec les dirigeants du monde entier. De Facebook en direct en discours devant le Parlement européen, l’ancien acteur est partout.

Alors que l’offensive russe s’abat sur Kyiv le président ukrainien a échappé à trois tentatives d’assassinat cette dernière semaine, selon une information du Times. Mué en chef de guerre, à la tête d'un pays qui défend son territoire pied à pied, Volodymyr Zelensky est devenu pour le Kremlin l’homme à abattre (un de plus à abattre sur le tableau de chasse de Poutine). C’était sans compter la résistance ukrainienne et la diffusion d’informations aux oreilles de la garde rapprochée de Zelensky par des membres du FSB (ex-KGB) opposés à l’invasion, selon les autorités de Kyiv. Averti, le président ne filme plus les rues où il circule, efface les arrière-plans ou s’exprime dans des endroits non reconnaissables.

Dans l’autre camp, le puissant Vladimir Poutine, mensonge incarné, tranche, fustigé de toutes parts. Et si, malgré un contexte militaire largement défavorable, l’Ukraine gagnait la guerre grâce à son image ?

L'ancien commandant des forces américaines en Europe, le lieutenant général à la retraite Ben Hodges craint que la situation n’empire pour les civils mais doute que la Russie puisse « prendre le contrôle » de toute l’Ukraine car « L’armée russe est mal préparée et affronte des Ukrainiens galvanisés ».

Attaque nucléaire du 4 mars au sud du pays

Dans la nuit  du vendredi 4 mars, la plus grande centrale nucléaire d’Europe, celle de Zaporojie, dans le sud de l’Ukraine, a été touchée, par un incendie, après qu’elle eut été bombardée par les forces armées russes. Selon Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), aucune fuite n’a été signalée. Mais face à la menace d’un accident nucléaire, il s’est déclaré « prêt » à se rendre sur place ainsi qu’à Tchernobyl pour inspecter les installations passées sous contrôle militaire russe. Les déchets radioactifs sont à craindre. « La situation aurait pu être dramatique, nous savons ce qui est en jeu ». C’est en effet la première fois qu’un pays aussi nucléarisé vit une guerre sur son sol. L’Ukraine compte 15 réacteurs nucléaires, répartis sur quatre sites.

En choisissant de bombarder la centrale de Zaporojie, la Russie a délibérément violé les principes qu’elle s’était engagée à respecter en tant que membre de l’AEIA. Il est en effet formellement interdit d’attaquer des sites nucléaires civils. Le pays a également bafoué la convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, adoptée en 2005 par l’ONU sur une proposition… de la Fédération de Russie (réf. : France 24 )... il faut le faire...

Sanctions économiques contre la Russie

Fermeture des espaces aériens, gel d’avoirs de personnalités et d’entreprises, remise en question de liens financiers et commerciaux : depuis le début des hostilités en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les annonces de sanctions économiques de plus en plus sévères contre Vladimir Poutine, ses proches, les oligarques russes ainsi que l’économie russe.

Les oligarques russes forment un groupe de citoyens ultra riches et influents, piliers du régime de Poutine, devenus visés par des sanctions à cause de leur influence au Kremlin. Ces derniers ne sont pas tous fidèles à Poutine; d’autres se sont exilés. Ils sont aussi difficiles à sanctionner car leur argent est investi dans de nombreux secteurs économiques.

Le secteur financier est celui qui est privilégié par les occidentaux dans la recherche de sanctions effectives contre la Russie, afin de limiter les capacités de financement de la guerre. Dernier exemple : la décision prise par le gouvernement britannique lundi (28 février) de geler l’ensemble des actifs des banques russes au Royaume-Uni.

La décision la plus symbolique est venue d’Allemagne, avec l’annonce de la suspension du projet de gazoduc Nord Stream 2, dont le processus d’homologation était en cours et devait faire augmenter les livraisons de gaz russe à destination de l’Allemagne. (Le Devoir, 1er mars 2022)

Des Russes manifestent contre cette guerre

Des milliers d’opposants à la guerre se sont fait arrêter dans des dizaines de villes de Russie depuis le début de l’invasion en Ukraine. La répression n’empêche pas les manifestations de se poursuivre. Les Russes et les Ukrainiens ont des amis et de la famille de chaque côté de la frontière; ils se parlent. Ils ont des versions différentes pour expliquer cette guerre.

Que deviendra l'Ukraine ?

Que deviendra Selensky ?  

Quand en finira-t-on avec Poutine ?