Il doit la vie à des inconnus

Samedi 25 juillet, le congé de la construction bat son plein au Québec sous un soleil radieux. Pierre Champagne et sa conjointe Céline s'offrent une promenade à vélo sur le circuit des Grandes-Fourches, mais la balade prend un virage tragique lorsque le pompier subit un malaise cardiaque et s'effondre au bord de la voie cyclable.

« Pierre prend souvent de l'avance et on s'attend plus loin. À un certain moment, je pédale et je vois des gens sur le bord de la piste qui ont l'air de cueillir des framboises. Je continue et je reconnais le chandail de Pierre au sol alors je crie «C'est mon mari! C'est mon mari!» », raconte sa conjointe Céline.

Déjà, Yvan Lachance a amorcé le massage cardiaque. Puis, Cindy Simoneau, une infirmière en maternité, prend le relais à son arrivée pendant que Robert et Martine Careau composent le 911.

« J'avais dans l'idée que c'était un enfant qui était tombé et qui saignait, alors quand je me suis fait demander d'intervenir, je pédalais à une bonne vitesse, mais pas comme si j'avais su qu'il y avait quelqu'un en danger de mort », se souvient Mme Simoneau.

Durant dix minutes interminables, M. Lachance et Mme Simoneau ont maintenu Pierre en vie, une pression à la fois, sans savoir si leurs actions fonctionnaient réellement.

« Quand il est parti dans l'ambulance, j'étais certaine qu'il ne survivrait pas, je croyais que nos manoeuvres n'étaient pas efficaces parce qu'on ne détectait aucun pouls, indique l'infirmière. J'ai encore la vision de ses yeux grands ouverts, mais complètement vides, et de son visage qui devenait gris. »

Ce massage cardiaque aura finalement sauvé la vie de Pierre Champagne, qui a ensuite été réanimé par les ambulanciers à l'aide d'un défibrillateur. L'homme, dont le métier est de sauver des vies, s'est fait rendre la pareille.

L'importance du RCR

« Chaque minute où tu ne fais rien, c'est 10 % de chance de survie que tu perds », explique Mme Simoneau, qui insiste sur l'importance de connaître la base des méthodes de réanimation. M. Champagne l'évoque d'ailleurs sans détour, sans une intervention rapide de ses sauveurs, il y aurait probablement laissé sa peau.

« Que je sois tombé sur des gens qui ont tous agi promptement, ça c'est extraordinaire. Ce n'est pas automatique pour tout le monde », souligne-t-il.

Pour M. Lachance, si une leçon doit être apprise de cet incident, c'est que la connaissance de ces manoeuvres est cruciale, et ce, pour tout le monde. « On ne souhaite jamais avoir à les utiliser, mais c'est tellement important au cas où », insiste-t-il.

Des cours de RCR sont offerts par de nombreux organismes locaux, dont par les groupes Sauve-Vie et RCR Estrie.