Soeur Marie-Ursule, c.s.j. Docteur ès lettres et autrice du livre « Civilisation traditionnelle des Lavalois »

Lorsque la Société d’histoire fut créée en 2018, la première tâche que nous avions et qui se continue encore, était de faire de la recherche. Naturellement, nous nous sommes attardés à lire tout ce qui avait déjà été écrit sur notre ville. Le document le plus précieux qui existait était le livre écrit par Sœur Marie-Ursule, c.s.j. « Civilisation traditionnelle des Lavalois ».

La Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval et tous les citoyens de notre ville devraient rendre hommage à cette femme venue de loin, qui a consacré plusieurs années de sa vie à accumuler documents et études sur les mœurs, coutumes, croyances, légendes, contes, langue et arts populaires des gens de Sainte-Brigitte.

Nous vous présentons en grande partie, la préface de ce livre qui saura, nous l’espérons, vous inciter à le découvrir et à appuyer notre quête de rendre hommage d’une façon significative à cette religieuse.

Le livre est difficile à trouver. Il y en a une copie à la bibliothèque du Trivent 1. Il est aussi disponible sur BAnQ en version numérique :
collections.banq.qc.ca
ark:/52327/3199659

Préface du livre de soeur Marie-Ursule

Le livre dont je parle a déjà une assez longue histoire. Alors, pour mieux comprendre son originalité, nous croyons qu’il est utile d’en rappeler la genèse.

En juillet 1944, une jeune religieuse américaine du collège de Sainte-Catherine, à Saint-Paul, Minnesota, venait à l’Université Laval perfectionner sa connaissance du français.

Elle s’est inscrite  à des cours de littérature et de langue, ainsi qu’à un cours de folklore que l’on inaugurait justement cet été-là. À ces projets universitaires, des circonstances familiales s’ajoutèrent qui devaient modifier son travail de recherche. La Révérende Sœur Marie-Ursule me pardonnera de les révéler ici.

Étant à Québec, notre étudiante visite et découvre Sainte-Brigitte-de-Laval, dans le comté de Montmorency. C’est la paroisse où son père est né. Vers 1885, à l’âge de 14 ans, il est parti pour l’Ouest américain, pour ne plus jamais revenir.

À Sainte-Brigitte, Sœur Marie-Ursule retrouve deux oncles paternels et une nombreuse parenté. Les liens de famille qui avaient été presque rompus par la distance et le temps se renouent aussitôt. Tous accueillent affectueusement cette lointaine enfant de la paroisse. Mais, en retour, la sympathie des Lavalois excite la curiosité de Sœur Marie-Ursule. Tout lui apparaît nouveau dans ce milieu qui fut pourtant celui de sa famille.   Elle forme alors un projet qui cadre parfaitement avec ses études : celui d’explorer et de comprendre la vie traditionnelle de Sainte-Brigitte-de-Laval. Tel est le début d’enquêtes qui dureront trois années.

Du cercle familial, son champ d’observation s’étend peu à peu à quelque 150 familles de la paroisse. Elle visitera chacune et à chaque fois, elle fait provision de questions nouvelles qu’elle pose aux enfants, aux jeunes gens, aux femmes, aux hommes, aux anciens, selon le cas. Elle note avec patience et méthode tout ce qu’elle voit et entend. Pour compléter cette documentation, elle scrute les archives de la paroisse, celles de l’ Archevêché et du Séminaire de Québec, cadastres, terriers, registres, contrats, cahiers de prônes, etc.; elle ne néglige aucune source écrite, capable de l’aider à reconstituer aussi intégralement et exactement que possible le passé de Sainte-Brigitte-de-Laval. C’est le résultat de ce long travail qu’elle présente dans son livre Civilisation traditionnelle des Lavalois : monographie historique, sans doute, mais davantage, corpus des mœurs et traditions d’une paroisse.

Ce qui distingue, en effet cette monographie, c’est que Sœur Marie-Ursule poursuit ses investigations au-delà de la petite histoire officielle où les historiens des paroisses se sont généralement confinés. Elle ne cherche pas non plus à illustrer quelque théorie anthropologique ou sociologique préconçue. Ce qu’elle nous propose, c’est tout simplement, un documentaire objectif de faits traditionnels recueillis selon les méthodes déjà éprouvées en d’autres pays, particulièrement en France, par les maîtres de la discipline folklorique.

C’est la première fois croyons-nous, que les traditions populaires d’un milieu canadien sont l’objet d’une analyse aussi minutieuse, et qu’une somme est ainsi faite de tout ce qui compose la vie d’un groupe paroissial de notre pays. Les innombrables détails, les traits collectifs même infimes qu’elle contient sont révélateurs de la psychologie populaire  et c’est par ce tableau des traditions et des coutumes qu’elle déborde  les cadres de Sainte-Brigitte-de-Laval.

Si l’auteur a bien soin de nous mettre en garde contre les généralisations, et de nous avertir que Sainte-Brigitte, par sa dualité ethnique et son caractère mi-agricole, mi-forestier est un cas bien différent de celui des établissements deux ou trois fois séculaires de la vallée du Saint-Laurent et des jeunes régions de la colonisation, son étude n’en invite pas moins à la comparaison. Elle induit tout lecteur à se souvenir, elle l’engage à faire un parallèle folklorique avec son propre milieu.

L’importance accordée aux traditions orales : contes, légendes, chansons, etc., si elle a de quoi nous surprendre, nous révèle, par contre, le rôle éminent que ces traditions ont joué et continuent de jouer dans notre civilisation paysanne. Il n’était pas inutile d’en relever soigneusement toutes les variantes locales. Comment, sans elles, nous faire une idée de la mémoire populaire et de sa stabilité relative, surtout à notre époque où les modes et les goûts changent à un rythme sans cesse accéléré.

Source :  Civilisation traditionnelle des Lavalois, préface de Luc Lacoursière, directeur des Archives de Folklore,  Novembre 1950.

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