Les légendes orales des Lavalois

Conservées parmi les traditions populaires se trouvent aussi les légendes : récits oraux qui se rapportent à un passé où l’on croyait aux jeteux de sorts, aux revenants, aux feux-follets.   

Quoique la légende s’inspire généralement de thèmes anciens et universellement répandus, elle prend, la plupart du temps, la forme d’un souvenir personnel, ce qui lui donne une apparence de vérité.  Les thèmes légendaires ont voyagé par toute l’Europe ;  ils se sont répandus dans les provinces au Canada.

Les légendes recueillies dans le livre  La Civilisation traditionnelle des Lavalois sont basées sur des croyances et superstitions.  Bien que le conteur Lavalois localise l’anecdote à Devil’s Bit, à Loretteville, à Sainte-Claire (Dorchester), et que le personnage de son récit soit Jim Malone, Pat Dawson, Grand-père  Clavet, la légende appartient aux trésors de traditions populaires universelles.

Les générations actuelles (1950) ne croient plus guère à ces légendes, parce qu’elles ne voient pas de loups-garous, de lutins, de feux-follets. Elles placent ces récits remplis de naïveté, de leçons morales, dans le bon vieux temps où, pour une raison ou une autre, il se passait des choses étranges.

Voici quelques légendes présentées selon la méthode documentaire, c’est-à-dire que les textes sont tels qu’ils ont été dictés par les informateurs, avec leur vocabulaire et leur syntaxe.

Une âme qui a donné un avertissement

« J’avais un de mes oncles qui prenait de la boisson.  Maman lui disait toujours :  Alexandre, je ne veux plus que tu prennes de la boisson. Si tu ne te corriges pas de ça, quand je mourrai, je te donnerai une tape.  Quand maman est morte, mon oncle arrivait chez lui. En débarquant de sa voiture, il a reçu une tape en pleine figure : une tape assez forte pour le jeter par terre.  À ce moment, il a pensé à sa sœur.  Il a eu assez peur que c’est memère qui a dû lui ouvrir la porte de la maison.  Il ne s’est pas couché cette nuit-là. Il a passé toute la nuit assis près du poêle. Il pleurait et répétait : C’est Rosanna qui est morte et est venue me donner une tape. Mon oncle prend encore de la boisson, mais il s’est corrigé d’en prendre trop ».

Par Mme Maurice Thomassin

« Mon oncle Gérard et mon oncle Édelbert étaient tous deux au Lac-des-Neiges. Pendant une nuit mon oncle Gérard s’est fait arracher ses couvertes. Il s’est levé, a ramassé ses couvertes, s’est enroulé dedans et s’est recouché. Un peu plus tard, il s’est fait arracher ses couvertes encore une fois. Là, il a eu peur et il a réveillé son frère. Mon oncle Édelbert lui a dit : Taisez-vous et couchez-vous ! Alors, ils se sont rendormis tous les deux. Mon oncle Édelbert s’est réveillé deux fois; il croyait que quelqu’un lui touchait les pieds. Là, mes deux oncles ont pensé à ma mère. Ils savaient qu’elle était très malade et quand ils ont pensé à elle, ils n’ont plus été dérangés.  

Le lendemain, ils ont appris que c’était à cette heure-là que maman est morte. On dit que quand une personne se meurt, ceux à qui elle pense à ce moment-là sentent sa présence ».

Par Mme Maurice Thomassin

Les esprits

« Quand les premiers colons allaient à Beauport ou en revenaient la nuit, ils devaient se méfier des fantômes ».

Par M. Jerry Tiernay

« Un matin que Jimmy Malone allait à Beauport, il vit un  petit bébé grimpant un fossé au bord de la route et disparaître dans un buisson. Ce n’était pas un vrai bébé mais un esprit ».

Par M. Jerry Tiernay

Ces légendes sont tirées du livre La Civilisation traditionnelle des Lavalois par sœur Marie-Ursule Sanschagrin.

Allen Dawson,
président

 

Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval

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