Mission St-Martin-de-Laval : mission impossible

Dans ses recherches pour former un corpus de documents et d’informations au sujet de l’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval, particulièrement les débuts de la paroisse, la Société d’histoire a fait une découverte étonnante. Il s’agit de l’existence de la Mission St-Martin. En fait, le Séminaire de Québec a tenté d’établir, quasi au même moment, une autre colonie à l’extrême ouest de notre paroisse. Ce fut un échec pour diverses raisons et l’on peut dire que les colons qui se sont établis là-bas ont sans doute bien souffert.

On sait que les premiers colons arrivèrent entre 1830 et 1840 à Sainte-Brigitte. On connaît les hameaux où ils se sont établis. Il semble aussi qu’une vague de colons aient été invités à aller beaucoup plus loin vers l’ouest de la paroisse. Ils colonisèrent l’extrême ouest de la Seigneurie de Beaupré dans le secteur connu aujourd’hui comme étant Saint-Adolphe.

Les colons auraient suivi ce que l’on appelait la rivière Labranche (qu’on appelle aujourd’hui rivière à l’Île). Par la suite, ils auraient suivi le ruisseau Garneau et la rivière des Hurons pour s’établir dans la vallée de cette rivière. En 1854, on comptait 28 familles dispersées dans ce secteur.

Selon les informations obtenues, il semble que la vie des colons y ait été fort compliquée. Comme ce fut le cas pour « le » Sainte-Brigitte que l’on connaît, la terre se révèle d’une grande pauvreté. Par surcroît l’endroit où a été établie la colonie se trouvait dans un secteur très peu ensoleillé. Finalement, bien que les premiers colons aient réussi à s’établir dans ce secteur, le chemin est alors difficilement praticable. Il en résulta, entre autres, que la colonie connût une très forte mortalité infantile. Parmi les 48 sépultures, on comptait 40 enfants dont on peut penser que la malnutrition fut la cause des décès.

C’est peut-être dû à cette difficulté de survie que le Séminaire a pris la décision d’exploiter une ferme. Vers 1860 on en commença l’exploitation. En plus du bâtiment principal, on retrouvait un fournil, une laiterie, une grange, une étable, une porcherie, une remise pour les voitures, un caveau à patates et bien entendu une chapelle (construite par Jean Le Rossignol).

Erreur d’arpentage

Toutefois, ce qui porta sans doute un coup final au projet de colonisation, serait une erreur d’arpentage. En fait, le Séminaire a établi la Mission St-Martin en dehors des limites de leur propriété soit dans les Cantons de Stoneham-et-Tewkesbury. Cela a pris plusieurs décennies pour régler la situation.

Malgré plusieurs tentatives d’implantation de divers projets, le Séminaire a dû céder cette partie du territoire, soit « trois milles de front sur environ deux milles de largeur » à la paroisse de Saint-Edmond-de-Stoneham. Nos informateurs soupçonnent que le Séminaire avait établi cette mission pour freiner l’expansion anglaise en provenance du canton voisin.

« Après plusieurs années difficiles, la dernière messe est célébrée dans la chapelle en 1898. La ferme et la chapelle sont abandonnées en 1906 et les derniers résidants se relocalisent cinq km au sud à Saint‐Adolphe » peut-on lire dans le rapport Zones de haute valeur pour la conservation (ZHVC) - Février 2023 publié par Consultants forestiers DGR inc.

N’eût été de cette dernière « difficulté », on peut penser que cela a eu un impact sur le développement de Sainte-Brigitte. Il y aurait peut-être une Grande Ferme à Sainte-Brigitte comme celle que le Séminaire a établie à Saint-Joachim sur la Côte-de-Beaupré. On peut penser aussi que le territoire au nord-ouest de Sainte-Brigitte se serait développé comme le reste de la municipalité et aurait permis ce fameux lien vers l’autoroute Laurentienne et ainsi désenclaver complètement la municipalité. Au lieu de cela, ce territoire est resté aux mains du Séminaire.

Sincères remerciements à la Société d’histoire de Stoneham pour les informations et les documents.


Alain Marcoux
Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval
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