Journal de François Goudreault 1927-1928

« Nous sommes à l’automne 1927, beaucoup de pluie. Plusieurs gros coups d’eau. Un gros coup le 2 et le 3, au tour de la Toussaint, le 15,16,17, 18 il a pleut 4 jours de suite. Les rivières ont débordées, des ponts sont emporter et les chemins en gravelles sont brisés.  Il y a beaucoup de dommages partout de Québec à Montréal. Le gouvernement interdit aux grosses charges de circuler jusqu’aux gelées. Mais y en a qui ont charriés pareil pendant une secousse, mais ça faisait des roulières et brisait les chemins.

1928 - Les chantiers ferment pour le jour de l’an ou un peu plus tard car il y a trop de neige. Juste en décembre, on a eu près de trois pieds et en janvier, il a neigé tous les deux ou trois jours. Des vieux disent ne pas se souvenir avoir eu autant de neige.

Bien des jobers sont arrivés en dessous. La compagnie payait seulement $5.00 la corde et les hommes recevaient $60.00 par mois. Le bois de corde se vendait cher. J’en ai vendu 30 cordes de sec entre $5.00 et $6.00 la corde. Le bois vert j’en ai vendu 15 cordes à $5.00. Le bois carré était en demande .25 cents le pied chez Grenier. Ce ne fut pas un hiver froid. Le premier dégel a été la semaine avant Pâques le 8 avril. On charriait encore sur la neige le premier mai.

Ce printemps là, on a eu du beau temps tout le mois de mai jusqu’au 20, puis après deux semaines de pluie. Il a mouillé tous les jours sans pouvoir travailler. La deuxième semaine, un peu moins mais la terre était comme de la vase. On a commencé à semer l’avoine le 19 mai. J’ai pas eu le temps de herser avant le 28. J’ai semé les patates le 30 et 31 mai, il faisait bien froid avec des orages de temps en temps. On étaient moi et Mathias pour semer. J’ai semé un autre morceau d’avoine le 23 mai et le 4 juin. Certains ont commencé à semer en juin, car la terre était trop mouillée. Ça a pris du temps à lever.

Au premier juillet, tout était en fleurs c’est-à-dire les marguerites. Les récoltes de patates, avoine et foins n’ont pas été bien bonnes. Mais on a pas été trop pire, on en a eu assez. Semé 8 minots de patates et récolté 72 minots, L’avoine, semé 28 minots ramassé 175 minots. Les foins, vendu 200 bottes. J’en ai mis un tas dehors pour faire pourrir. Certains n’ont pas battu leur avoine, ils n’en avaient pas assez, comme Dina Maheux et Pierre Sanschagrin.

Au mois de juillet, George Simoneau fils de George Simoneau s’est marié avec Élyse Trahan, une maitresse qui fait la classe à l’école de l’ile. Son père reste à Saint-Lazarre de Bellechasse. Ils ont donné un repas en haut chez George Simoneau arras chez Duguay.

Mon frère Joseph Goudreau s’est marié le 24 septembre avec Dame veuve Milhomme ou Joséphine Cardinal. C’est mon frère Joseph qui a payé lui-même les dépenses.

Frank Keough s’est marié avec Florence Dawson le 26 septembre. Ils ont fait de grosses noces, les plus grosses de toutes. Il y avait 150 personnes de tous les bords. Ils ont fêtés toute la journée, la veillée et la journée du lendemain. »

(Langage et orthographe de M. Goudreault)

Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval