Yanick Turcotte, un pro sur toute la ligne

Le lavallois Yanick Turcotte a fait preuve d’une détermination peu commune pour arriver à vivre son rêve de devenir un joueur de hockey professionnel.

Le hockey est une véritable passion pour ce jeune homme de 22 ans qui, dès son tout jeune âge, fréquentait assidûment la patinoire de Sainte-Brigitte-de-Laval arborant le chandail de son idole Jarome Iginla.

Retranché à deux reprises par une équipe du midget AAA, porte d’entrée de la Ligue junior majeur du Québec, il évolue dans une équipe de hockey collégial.

Sa persévérance lui vaudra d’être repêché par les Remparts de Québec où il fera sa marque durant quatre années.

Se définissant lui-même comme un joueur de troisième ou de quatrième trio, « Turks », comme le surnomment ses coéquipiers des Remparts, se fait remarquer pour son coup de patin, son jeu défensif et surtout par le fait qu’il ne recule devant aucun adversaire.

Il n’est pas repêché par une équipe de la Ligue nationale à la fin de son stage junior en 2017, mais il reçoit une invitation à participer au camp des recrues des Islanders de New-York. Il impressionne suffisamment les dirigeants qui lui offrent un premier contrat professionnel d’une durée de deux ans. Il joint les rangs des Railers de Worcester de la ligne de hockey de la côte est (ECHL), une nouvelle franchise pour la ville de l’état du Massachusetts que l’on décrit comme étant dure.

La saison de hockey 2017-2018 a été particulièrement spéciale pour Yanick. Pour la première fois, il vit éloigné du domicile familial dans un environnement où il est le seul joueur francophone. 

Les dirigeants de l’équipe ont à cœur le bien-être de leurs joueurs et il cohabitera avec trois de ses coéquipiers dans une maison confortable. Ces derniers l’ont aidé à plusieurs points de vue : faire l’épicerie, le lavage, etc.

Yanick avait acquis une solide réputation de dur à cuire dans les rangs juniors, mais les bagarres étant en baisse dans le hockey professionnel, il ne s’attendait pas à jeter les gants souvent. Mais, sa réputation l’ayant précédé, les hommes forts des autres équipes ont tôt fait de le défier.

Son style de jeu plaît immédiatement aux partisans. Il devient un favori de la foule avec ses mises en échec percutantes et les quelques 25 bagarres auxquelles il a participé.

« J’ai été chanceux parce que je n’ai subi aucune blessure sérieuse durant la saison, quelques petits bobos, mais rien de plus. J’ai été cependant plus prudent dans mes combats parce que j’ai eu à affronter des hommes plus âgés à pleine maturité au plan physique » dit-il.

Sa popularité, auprès des partisans, est telle que l’on retrouve sa photo sur les panneaux d’autobus qui sont utilisés dans le cadre de la campagne de renouvellement des billets de saison de l’équipe.

Une saison de hockey dans la ECHL comprend 72 matchs, des pratiques quotidiennes et des voyages par autobus qui dans certains cas durent plus de dix heures. Malgré cet horaire éreintant, Yannick a trouvé le temps de terminer son diplôme d’études collégiales en sciences humaines en suivant des cours par correspondance. Il aura donc la possibilité d’entreprendre des études universitaires à la fin de sa carrière de hockeyeur.

Soulignons qu’il a disputé cinq matches avec les Sound Tigers de Bridgeport, le club affilié aux Islanders dans la ligne américaine de hockey.

Depuis la fin de la saison, le jeune Turcotte s’entraîne régulièrement. Il travaille notamment avec le préparateur physique Gabriel Hardy qui entraîne aussi deux joueurs de la Ligne nationale de hockey, soit Jonathan Marchessault des Golden Knights de Vegas et Yanni Gourde du Lightning de Tampa Bay. Maniaque de l’entraînement physique, le jeune homme de six pieds, 200 livres, porte aussi une attention particulière à son alimentation et comme il a horreur du temps passé à ne rien faire, il effectue à l’occasion des livraisons pour le restaurant Turbo Pizza où travaille d’ailleurs sa mère Edwidge.

Que lui réserve l’avenir ?

Sa deuxième année de contrat lui permettra de toucher le salaire d’un joueur de la Ligue américaine de hockey sans pour autant lui garantir un poste avec les Sound Tigers de Bridgeport. On est cependant encore loin des millions de dollars versés en salaire aux hockeyeurs de la Ligue nationale, mais pour Yanick « Être payé pour jouer au hockey, ça n’a pas de prix ». 

Les dirigeants de l’équipe de Worcester lui ont fait savoir qu’il avait répondu aux attentes et son objectif est d’obtenir un nouveau contrat. Connaissant sa passion pour notre sport national, on peut être assuré qu’il consacrera tous les efforts nécessaires pour y arriver.

Yanick Turcotte aurait pu abandonner le hockey à plusieurs reprises. Il ne l’a pas eu facile, mais grâce à sa détermination et au soutien indéfectible de sa famille, il continue à vivre pleinement son rêve. Tout comme son père François, qu’il décrit comme son fan numéro un, nous pouvons être fiers à juste titre du chemin parcouru par ce jeune Lavallois.