Un confinement bénéfique pour la Terre

Bruits sismiques


Outre la baisse de pollution atmosphérique observée depuis le début du confinement, (voir article d’avril) les mesures prises depuis le début du confinement pour enrayer la propagation de Covid-9, des scientifiques ont constaté une importante réduction de l’activité humaine, donc, de bruits sismiques.

En conséquence, nous percevons mieux le bruit de la nature puisque le brouhaha quotidien est mis en sourdine.

Les vibrations au sol se sont drastiquement réduites et, avec celles-ci, ce que les spécialistes appellent le « bruit sismique », c’est-à-dire, celles dues à des causes naturelles.

Ce phénomène décrit les ondes provoquées par les activités humaines, comme le trafic ou l’industrie, et celles dues à des causes naturelles, tels des phénomènes atmosphériques, comme le vent ou encore des vagues océaniques, qui provoquent de légers mouvements de la croûte terrestre.

Sismomètre de Paris


À Paris, un sismomètre est installé pour enregistrer les tremblements de la Terre. Cet outil relèvant en continu les déplacements du sous-sol parisien avec une précision de l’ordre du nanomètre (un cheveu humain égale 100,000 nanomètres!), a capté la « signature » de l’activité humaine depuis le début du mois de mars et son évolution depuis la mise en place du confinement.

Et, depuis le 17 mars à midi, date de la mise en place du confinement (en France), les sismologues notent une réduction de 38 % du bruit sismique à haute fréquence (4-14 Hz – donc lié aux activités humaines).

L’origine humaine de ce bruit et de son évolution peut-être confirmée par plusieurs indices, notamment l’alternance jour-nuit du signal et sa légère baisse lors de la pause dîner. Ce sont des renseignements qui se révèlent bien utiles pour les chercheurs.

Depuis la mise en place des mesures de restriction de déplacements, les experts constatent également une plus faible différence entre les jours de semaine et de fin de semaine, et, depuis le 26 mars, une baisse du bruit diurne et nocturne due à la réduction des transports en commun.

Bien que les effets des sources prises individuellement puissent être faibles, le « bruit sismique » d’ensemble produit un bourdonnement qui réduit la capacité des sismologues à détecter d’autres signaux se produisant à la même fréquence et qui représentent les soubresauts de la Terre.

Plusieurs sismologues se sont donc réjouis d’avoir pu détecter d’infimes activités sismiques de notre planète. Le géologue et sismologue Thomas Lecocq, de l’Observatoire royal de Belgique, a été le premier à en faire état : à Bruxelles, le bruit sismique ambiant a chuté de 30 % à 50 %.

Le constat est le même aux quatre coins du globe. Comme à Los Angeles (Californie), la deuxième ville la plus peuplée des Etats-Unis avec près de 19 millions d’habitants.

« Une faille sismique, si elle est active, elle crépite. Des crépitements de toute petite magnitude. Et plus on en détecte, plus on est capable de connaître ces failles sismiques qui, un jour, pourraient générer des séismes plus importants. »

Si les mesures de confinement se poursuivent, les détecteurs sismiques installés dans les lieux où l’activité humaine est généralement importante seront plus performants que d’habitude pour capter les lieux des répliques de tremblements de terre.

« Vous obtiendrez un signal avec moins de bruit au sommet, ce qui vous permettra d’extraire un peu plus d’informations de ces événements » résume Andy Frassetto, sismologue à Washington DC.

La baisse de bruit sismique en tant que telle ne permet pas pour autant de réduire les risques de tremblement de terre : « La plupart sont d’origine naturelle : un séisme est une libération soudaine d’énergie accumulée pendant des siècles par la déformation de la croûte terrestre », explique Claudio Satriano.

« Cependant, il a été observé que les activités industrielles (activités minières, extraction de pétrole et gaz, géothermie) peuvent, dans certains cas, induire des séismes, typiquement de petite magnitude (généralement inférieure à 5). Ce sont des événements peu fréquents en France, alors que d’autres régions du monde, comme le centre des Etats-Unis, ont vu une augmentation importante de ces petits séismes (et parfois de magnitude 5), liée aux activités pétrolières. » Dès lors, « on pourrait imaginer qu’un arrêt, total ou partiel, de certaines de ces activités industrielles puisse baisser temporairement la probabilité de provoquer un séisme.

La réduction du bruit sismique, témoin de la réduction des activités humaines, montre en tout cas que l’on baisse « notre influence sur l’environnement sismique de nos villes. Beaucoup de réflexions sont encore à venir en termes d’environnement de manière générale », conclut Thomas Lecocq.

Références :

www.msn.com/fr-ca/actualites/sciences/avec-la-moitié-de-lhumanité-confinée-les-vibrations-de-la-terre-sont-plus-perceptibles/ar-BB12zza1