Madame Julie Roy de la revue Actualité propose comme roman du mois  le premier roman de Zachary Richard - Les rafales du carême qui est aussi le premier roman de langue française écrit par un auteur louisianais depuis 1894. Un coup double fort réussi.

L'histoire

Nous sommes en 1882. André Boudreaux, 17 ans, travaille auprès de son grand-père, le colonel Drozin, un vétéran sudiste, lorsque son oncle Martin est assassiné. Alors qu’elle tente de découvrir qui s’en est pris à un des siens, la famille Boudreaux est aussi aux premières loges des grands changements sociaux de son époque, que ce soit la lutte des femmes en faveur de la prohibition ou l’intérêt croissant pour la course de chevaux et ses paris. (Libre Expression, 400 p.)

Madame Roy nous donne 3 bonnes raison de lire... Les rafales du carême, de Zacharie Richard1

C’est un roman à plusieurs facettes

La plupart des romans historiques se concentrent sur un thème central, mais pas celui-ci. On y aborde plusieurs sujets : la Louisiane post-guerre de Sécession, mais aussi la fin de l’esclavagisme, les droits des femmes, etc. On se sent véritablement plongé dans le sud des États-Unis de la fin du XIXe siècle. Zachary Richard est aussi historien, et l’ampleur de la recherche documentaire qu’on perçoit en filigrane appuie efficacement l’action romanesque.

La construction est étonnante

C’est un roman historique, mais aussi un roman d’apprentissage et un roman choral, un trio ambitieux pour des débuts. Dans les premiers chapitres, le thème de l’émancipation domine, l’histoire étant abordée du point de vue du jeune André. Puis, à la fin du livre, la dimension chorale prend davantage de place, quelques chapitres étant narrés par deux frères français venus travailler pour Drozin, ainsi que par Marie, la petite-fille de ce dernier. Même si le changement de perspective peut sembler déroutant au départ, il offre un éclairage inédit sur une portion de l’intrigue.

Zachary Richard se dévoile d’une toute nouvelle façon

Les rafales du carême, ce n’est pas L’arbre est dans ses feuilles ! La proposition est assez décalée par rapport à l’œuvre musicale de l’artiste, et c’est très bien ainsi. Il faut donc s’attendre à découvrir un nouvel auteur de récits historiques plutôt qu’à renouer avec un musicien connu depuis longtemps. En fait, ce qui lie le roman au reste de son œuvre, c’est la belle place accordée au parler louisianais, autant dans ses tournures de phrases que dans son vocabulaire particulier. « Tchoque », « fatras », « ronces de tchéroquis » : l’auteur prend la peine de les définir en notes de bas de page, une attention bien appréciée.