Une déception

 

Lundi matin, avec mes collaborateurs béninois, nous partons, fiers comme des paons, rencontrer le directeur et concepteur du centre.  Tous les objectifs de la mission sont atteints ou en voie de l’être.

Le bonheur a vite cédé la place à l’ahurissement.  Sans aucune diplomatie, ma partenaire reçoit brutalement les marques d’insatisfaction.  Elle n’a pas répondu aux attentes, n’a rien compris.  En totale confluence avec elle, mon estomac se tord devant cette ingratitude.

Sidérée, je me tais puis écoute le besoin formulé.  Je m’y perds.  Comme beaucoup de visionnaire, c’est difficile de saisir l’aspect pragmatique de sa philosophie.  Je reformule une première fois sans succès puis la chance me sourit à la deuxième tentative.  Ouf! Enfin du concret à me mettre sous la dent.

Nous repartons clopin-clopant avec notre petit baluchon, refaire nos devoirs, riche d’une belle complicité qui s’est installée.   Curieusement nos séances de travail sont agrémentées de plaisir, de rires. 

Je m’interroge sur cette attitude de plusieurs africains; le commandement sévère, le peu de mercis, la difficulté à exprimer l’émotion. Est-ce le fait d’avoir été bafoués, humiliés, meurtris?  Est-ce le résultat des blessures de ce passé encore ancrées dans la psyché collective qui les enlisent  dans ce fonctionnement?  Je demeure sans réponse.

     

Ma valise se bombe de jour en jour , il me reste seulement trois jupes de suspendues avant le retour à ma vie ‘pantoufflarde’, mes petites habitudes, mes amours. Je reviens satisfaite avec la  hâte de cuisiner, de marcher sans dégoutter, de vous revoir.  

Les photos : 1) mon hôtel   2) une hutte   3) une salle de formation