Quelques extraits du livre Les ponts d'Ariane de:  Ariane Émont 

Les vacances peuvent être des miettes d’éternité, j’en suis convaincue.  Et comme les nuits d’amour, elles passent trop vite.     

Les vacances sont des moments bénis.  Pour casser le rythme et retrouver notre disponibilité, pour nous rebrancher sur le temps présent, le nôtre, notre seul capital.  Compressés dans des horaires et des cadences que nous ne maîtrisons pas, nous nous laissons bouffer notre temps de vie par le temps social. Heureusement, qu’il y a les vacances pour nous faire prendre conscience de l’ampleur de la rééducation qui s’impose ! 

Pour être heureux, plus que de l’argent, c’est du temps qu’il nous faut trouver.  Toutes nos remises en question, nos crises, nos passages se résument toujours à :  Qu’est-ce que je fais de ma vie, de mon temps ?  

Il faut admettre que nous sommes complices du temps qui fuit entre nos doigts.  Nous avons toujours le choix de faire des choix.  Nous avons un certain pouvoir, pas tous le même, mais nous en avons tous.  Dans notre emploi du temps, nous pouvons repenser nos priorités, prendre le temps d’analyser ce qui est possible de faire, de reporter, de déléguer.  En nous ménageant des moments d’arrêt pour nous demander :  Suis-je plus satisfait de la façon dont j’ai dépensé mon temps, ma vie ?  Finalement, les buts que nous nous sommes fixés comptent moins, en bout de course, que le chemin que nous nous sommes tracés pour y parvenir.   

Nous devrions se mettre à requestionner l’importance que nous accordons aux notions de responsabilité, d’intimité, de bien-être.  Trop de gens ne consentent à prendre du temps pour eux, que lorsque toutes les demandes des autres ont été satisfaites :  autrement dit, jamais.  Pourtant, quand nous employons notre temps de manière plus sereine, en veillant à ne pas se déshériter nous-mêmes de ce qui compte le plus, tout à coup, bizarrement, nous avons du temps en banque.  Du temps à offrir en partage.  Le don le plus précieux, le plus délicieux aussi. 

Nous devons réapprendre à donner du temps au temps.  Nous ne perdrons rien au change.  Les fleurs ont besoin de soleil pour faire éclater leurs boutons.  L’amour, lui, a besoin du temps pour s’épanouir et durer.  Tout le monde sait ça ?  C’est pourtant là-dessus que nous rognons le plus.  La solitude et le manque d’amour n’ont jamais été si répandus.  On nous a menti :  le temps, ce n’est pas de l’argent.  C’est notre taux d’ensoleillement.  Prendre soin de nos amis, de nos enfants, de nos amours comme de notre jardin, demande du temps.  Mais sur notre lit de mort, j’en suis convaincue, il n’y aura qu’un seul calcul qui vaudra :  Qui ai-je aimé ?  M’a t-on aimé ?  Le reste, ce sont des sujets de conversation ou de chroniques.